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Photo du rédacteurAdrien Nerozzi-banfi

L'AC Milan et les années 2010: une décennie à oublier

Dernière mise à jour : 6 oct. 2020

Barcelone, 24 Mai 1989, le Milan AC de Sacchi s’impose 4-0 faceau Steaua Bucarest devant une foule de 97 000 spectateurs massés dans les rangs du Camp Nou. 25 ans après les doublés de Gullit et Van Basten, le club lombard n’est plus que l’ombre de lui-même. Des projecteurs européens au statut de club (presque) médiocre de Serie A, retour sur la descente aux enfers d'un des clubs les plus mythiques d'Italie.


Une entrée réussie dans le XXIème siècle


Au lendemain de la décennie dorée emmenée par Carlo Ancelotti entre 2001 et 2009, qui vit

notamment le club lombard remporter à deux reprises la Ligue des champions (2003 et 2007), le Milan AC aborde les années 2010 avec une équipe vieillissante. L’équipe est en fin de cycle, les stars qui ont fait le bonheur des supporters rossoneri durant tout le début du XXIè siècle sont parties : Kaka est transféré au Real Madrid à l’été 2009, alors que Chevtchenko est parti vers le grandissant Chelsea de Mourinho dès 2006. La mutation du grand Milan est en cours. Le départ du capitaine emblématique Paolo Maldini marque un tournant dans l’histoire du club. Après 25 ans de bons et loyaux services, l’homme aux 902 matchs sous le maillot rouge et noir tire sa révérence et entraîne avec lui la fin d’une véritable génération dorée. De plus, le club lombard peine à convaincre sur le marché des transferts.


Maldini lors de son ultime match sous les couleurs de l'AC Milan

En 2009, les arrivées de Huntelaar, Abate et Oddo ne contentent pas les supporters, mais le club, désormais entrainé par l’italien Massimiliano Allegri, parvient toutefois à accrocher la troisième place du championnat. Finalement, la saison suivante, Milan reprend du poil de la bête. Au lancement de la nouvelle décennie, le club lombard surprend l’Europe entière en recrutant les stars Zlatan Ibrahimovic et Robinho et remporte un 18ème titre de champion d’Italie à l’issue d’une saison réussie sur le plan national. Malgré une équipe toujours portée par ses cadres (vieillissants) que sont Gattuso, Nesta, Inzaghi ou encore Seedorf, les Rossoneri gardent une certaine compétitivité, terminant la saison suivante à la seconde place du championnat, coiffé au poteau à deux journées de la fin par la nouvelle Juve emmenée par Andrea Pirlo, parti (gratuitement) du club lombard à l’intersaison. L’ancien Milanais, jugé vieillissant par Allegri, se révèle être un grand artisan du succès turinois. Après une saison globalement réussie avec une seconde place en championnat et un quart de finale en Ligue des champions, l’exercice 2011/12 marque le début d’un réel déclin d’un club habituellement placé sur le toit de l’Europe, et une descente progressive vers les bas fonds du calcio italien. Au coup de sifflet final de la saison 2011/12, l’effectif de l’AC Milan se voit grandement remanié et les cadres de la mythique décennie Ancelotti tirent leur révérence. Les supporters ont ainsi fait leurs adieux à Nesta, Gattuso, Seedorf, Inzaghi, ainsi qu’à Zambrotta, Van Bommel ou encore Cassano.


La transition ratée d'une génération à une autre


Le Milan voit également deux de ses meilleurs joueurs filer au Paris-Saint-Germain durant le mercato estival en les personnes de Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic. Le mercato 2012 n’est pas convaincant (arrivées de Pazzini, Nigel de Jong ou encore Riccardo Montolivo) et le Milan aborde la saison 2012/13 avec une équipe bien moins fournie que par le passé. Le début de saison est l’un des pires de l’histoire du club. Toutefois, les attaquants Stephan El Shaarawy (arrivé un an plus tôt au club) et Mario Balotelli (arrivé à l’hiver en provenance de Manchester City), auteurs de nombreux buts, permettent au club de sauver sa saison et de terminer à la troisième marche du podium sur le fil. A ce jour, cette troisième place, synonyme de qualification en Ligue des champions, reste le meilleur résultat en championnat du club lombard. Cependant, le mal était fait. Le club, menacé par le fair play financier, se voit dans l'impossibilité de recruter des joueurs aux prix et aux salaires astronomiques. L’équipe n’a jamais été aussi peu compétitive, et le retour de la légende Ricardo Kaka au club, au lancement de la saison 2013/14, n’y fait rien. Le début de saison du Milan est plus que médiocre, dans la lignée de celui de la saison précédente. Cependant, cette fois, ni El shaarawy, trop souvent blessé, ni Mario Balotelli, bien plus irrégulier que l’an passé, ne sont à la hauteur pour sauver le club d’un désastre sportif auquel il avait déjà échappé un an plus tôt. Suite à ces résultats catastrophiques, Massimiliano Allegri, artisan du dernier titre national des Milanais, est licencié et remplacé par une ancienne gloire : Clarence Seedorf, lui aussi limogé à l’issue de la saison, incapable de redresser une équipe en chute libre. Le club clôture sa saison par une huitième place synonyme de non qualification pour aucune compétition européenne, une première depuis l’exercice 1997/98. Les trois saisons suivantes se dérouleront dans la lignée de ce coup d’arrêt historique. Les résultats, toujours plus irréguliers, faisant le malheur des différents entraîneurs successifs au fil des saisons (Seedorf, Inzaghi, Mihajlovic ou encore Montella), sans qu’un seul ne réussisse à ramener l’AC Milan au sommet de son sport (10ème place en 2015, 7ème place en 2016, 6ème place en 2017). La saison 2016/17 marque un léger redressement dans la situation du club, puisqu’avec cette 6ème place, synonyme de tour préliminaire de la Ligue Europa, les Milanais retrouvent l’Europe pour la première fois depuis 3 ans. Durant l’année 2015, le bilan financier du club est très lourd, avec des pertes qui s'élèvent à 90 millions d'euro mais aussi une baisse des revenus de 22 millions d’euros. Privé de recettes européennes, le club ne change pas sa vision économique pour autant et vit au-dessus de ses moyens, en cause notamment les rémunérations très généreuses de certains membres de l’équipe.


2015-2017 : la fin d’une ère, de nouvelles désillusions après la revente du club à un groupe chinois


En conséquence, pour l’année 2016, le club essuie une perte d’environ 40 millions d’euros. Finalement, en août 2016, soit trois ans et demi après sa décision de céder des parts, Silvio Berlusconi, actionnaire et président historique, annonce à travers un communiqué la signature d’un accord avec un groupe chinois, pour la vente du club pour un montant de 740 millions d'euros. Berlusconi céda 99,93% du club, mettant fin à un règne de plus 30 ans durant lequel le Milan AC s'est hissé plusieurs fois au sommet du football européen. A l’été 2017, la nouvelle direction dépense 200 millions d'euros en à peine un mois de mercato. La planète football est prévenue des objectifs ambitieux de ce nouveau projet avec notamment l’arrivée de Leonardo Bonucci en provenance du rival turinois, ou encore celle du prometteur André Silva. L’Europe entière annonce le retour du grand Milan, qui met clairement en avant son ambition de retrouver la Ligue des Champions dès la saison suivante. Cependant, le club emmené par Vincenzo Montella ne réussit pas à répondre aux attentes, et les nouvelles recrues ne suffisent pas à ramener le club lombard dans le gratin du football européen. S'ajoutent à cela de plus en plus de doutes notamment concernant la justice italienne sur la crédibilité financière des actionnaires chinois. Montella est limogé à la mi-saison et remplacé par une ancienne gloire du club en la personne de Gennaro Gattuso, avec qui les Rossoneri terminent la saison à la 6ème place du championnat et furent éliminés par Arsenal en huitièmes de finale de la ligue Europa. Harcelés par le fair-play financier, les investisseurs chinois montrent des difficultés à prouver leur capacité à rembourser les prêts contractés auprès du fonds d'investissements américain Elliott. Après plusieurs ultimatums, une sanction sportive majeure tombe : le Milan AC est exclu de la Ligue Europa 2018/2019, qu'il était censé disputer suite à sa 6ème place sur la scène nationale. Les craintes de l'UEFA se justifieront quelques jours après ces sanctions, Yonghong Li ne parvenant pas à rembourser une partie des dettes à la date butoir en juillet 2018. Il perd ainsi le contrôle du club au profit de son créancier, le groupe américain Elliot, qui annonce quelques jours plus tard en être le nouveau propriétaire. Suite à un redressement, le tribunal arbitral du sport accepte l'appel du Milan AC le 20 juillet 2018 et l’autorise de nouveau à participer à la Ligue Europa 2018-2019.


Leonardo Bonucci, recrue phare de l'AC Milan à l'aube de la saison 2017-2018


2018-2019 : le retour du club dans les sommets du football ?


Suite au nouvel échec de la dernière saison, la direction du club est à nouveau bouleversée à

l’été 2018. Leonardo, ancien joueur et entraîneur, fait son retour en tant que directeur sportif,

aux côtés d’une autre légende du club, Paolo Maldini. Durant le mercato 2018, le Milan frappe son premier grand coup depuis de nombreuses années en recrutant le grand attaquant Argentin Gonzalo Higuain sous la forme d’un prêt, en provenance de la Juventus Turin. Cette fois-ci, il ne fait plus aucun doute, le grand Milan va faire son retour. Emmené par d’anciennes gloires telles que Leonardo ou Maldini dans la direction et de joueurs tels qu'Higuain, le Milan se doit de retrouver les sommets. Cependant, à la fin de cette saison censée être celle du renouveau, le constat reste le même: le club aux sept titres européens n’y arrive toujours pas. La figure de proue Higuain est un désastre avec seulement 6 but marqués en 4 mois, et un départ à Chelsea au mercato hivernal. Les résultats sont aussi irréguliers que les saisons passées avec une incapacité à gagner dans les grands rendez-vous et une sérieuse tendance à laisser filer des points contre les petites équipes. L’équipe clôture sa saison à la 5ème place du championnat, à seulement 1 point de son rival intériste, dernier qualifié pour la prochaine Ligue des Champions. Leonardo, qui ne s’entend plus avec le reste de la direction, décide de partir du club avant la fin de la saison et Gennaro Gattuso est limogé à l’issue de la 38ème et dernière journée. De plus, le club dont les comptes sont dans le rouge depuis des années, finit par accepter le principe d'une exclusion de la prochaine Ligue Europa 2019-2020, dans un accord avec l'UEFA validé par le Tribunal arbitral du sport. Cette décision met fin à une nouvelle saison marquée par les désillusions, aussi bien pour le club que pour ses supporters.


A la sortie d’une saison qui a vu passer l’AC Milan d’une très probable qualification en Ligue des Champions à la déception du devoir non accompli, le club lombard se retrouve une nouvelle fois au point mort. Voilà maintenant six longues saisons que cette équipe, pourtant si glorieuse dans le passé, n’a pas goûté à la douce mélodie des grandes soirées européennes. Entre stratégies sportives et économiques douteuses, recrues décevantes, entraîneurs trop peu expérimentés ou encore infrastructures vieillissantes (le mythique stade San Siro sera détruit en 2025), le Milan AC a vu son retard sur les grandes écuries du football européen s’accroître au fil des années. Alors qu’un redressement semblait se mettre en marche depuis deux saisons, l’instabilité du staff et de l’équipe ont vu les espoirs des supporters rapidement s’effondrer. Le club qui vient d’embaucher Marco Giampaolo, ancien manager de la Sampdoria, en tant que nouvel entraîneur, devra renforcer son effectif durant le mercato estival, même si les recrues hivernales Piatek et Paqueta, arrivées à la mi-saison, sont prometteuses. En l'absence de coupe d’Europe la saison prochaine, l’AC Milan aura l’occasion de se concentrer pleinement sur le championnat, pour essayer, une nouvelle fois, d’obtenir son Graal : se qualifier pour la prochaine ligue des champions, et retrouver la place qu’il n’aurait jamais dû quitter il y a de cela maintenant six ans, celle qu’il occupe auprès des plus grands clubs de ce sport.

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Adrien Nerozzi-banfi
Adrien Nerozzi-banfi
26 de set. de 2019

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